Τρίτη 7 Φεβρουαρίου 2012

PAUL DE CSIKAY : Η ΟΥΓΓΑΡΙΑ ΜΕΤΑ ΤΗ ΣΥΝΘΗΚΗ ΤΟΥ ΤΡΙΑΝΟΝ( La Hongrie après le Traité de Trianon).


Nul autre que Ladislas de Buday (1) qui fut directeur pendant un quart de siècle de l'Office statistique hongrois, n'aurait rempli avec plus de bonheur la tâche difficile de faire connaître au public étranger l'état actuel de la nouvelle Hongrie. Bien que l'évolution économique ait depuis sur plusieurs points modifié la situation de la Hongrie, il n'en reste pas moins que ses livres imprimés en quatre langues sont une manifestation retentissante, un indéniable témoignage de l'unité économique de la Hongrie, et en même temps ils nous renseignent sur la valeur et l'étendue des territoires cédés aux Etats successeurs, notamment à l'Autriche, à la Roumanie, à la Tchécoslovaquie et à la Yougoslavie.
Cette œuvre n'est point une publication de propagande, comme on le présumerait au premier abord. Elle est loin d'être cela. Son caractère objectif, ses données statistiques, sou impartialité, qui nous frappent dès les premières pages, imposent au lecteur une conviction opposée.
Il ne nous parie jamais de la situation économique actuelle, qui est sans doute précaire ; il ne sonde point les anciennes blessures, mais il passe en revue, avec satisfaction, les forces économiques que le traité de Trianon a laissées à la Hongrie, et indique une nouvelle voie, en nous montrant que, si la Hongrie sait mettre en œuvre les ressources qui lui restent, elle peut s'acheminer vers une heureuse prospérité.
C'est ainsi que nous allons essayer de dégager de ces quatre ouvrages (des éditions hongroise, allemande, anglaise et française) les données les plus intéressantes. Nous nous efforcerons d'élucider la question de la restauration financière et économique de la Hongrie, et en même temps de faire connaître pour la première fois, à l'aide de ce témoignage, les enseignements de ces livres précieux.
Avant d'aborder le sujet, jetons, avec l'auteur, un coup d'œil sur le passé, fondement de l'avenir, pour être au courant de l'évolution prochaine. Puisqu'aucune des éditions ne se ressemble, nous tâcherons d'extraire les données les plas intéressantes de celles qui pourront être utiles dans nos recherches scientifiques.
La Hongrie a dû abandonner 282.870 kilomètres carrés, peuplés de 18.264.533 habitants, ce qui représentait une densité de 64,6; la Hongrie a gagné de ce chef au point de vue national, car à l'heure actuelle elle a instauré son unité ethnographique, de sorte qu'il n'y aura plus que 4,6 p. 100 de nationalités allogènes sur son territoire parmi 88,4 p. 100 Hongrois, tandis que sur les territoires formant la Tchécoslovaquie, la Roumanie, la Yougoslavie et l'Au triche il n'y a que :
30 p. 100 Hongrois en Slovaquie ;
32 p. 100 Hongrois en Transylvanie ;
30,4 p. 100 Hongrois en Banat et Bacska ;
20,3 p. 100 Hongrois en Burgenland ;
13 p. 100 Hongrois à Fiume.
Cependant la Hongrie, après le Traité de Trianon, obtient des territoires plus denses (densité moyenne, 8,2 p. 100), plus denses encore que ceux de la Belgique. Cette circonstance implique des conséquences considérables au point de vue agricole, car la Hongrie, comme tout le monde le sait, était pendant des siècles un pays agricole par excellence ; et maintenant, il a perdu ce rôle prépondérant sans gagner grand'chose au point de vue industriel. Une partie considérable des terres arables situées dans le nouveau territoire sont des biens de mainmorte ou bien appartiennent à de grands propriétaires. Bien que ces terres soient plus accessibles que les parcelles morcelées, la Hongrie ne peut produire que la moitié du rendement allemand (5 quintaux par hectare), alors que ses terres sont beaucoup plus fertiles que celles de l'Allemagne. Il est cependant indiscutable que les climats des deux pays ne peuvent pas se comparer. Celui de la Hongrie qui est un climat continental rend impossible tous calculs et semble même souvent paralyser ia culture. C'est pourquoi la prétendue réforme agraire est à l'heure actuelle plus urgente que jamais. Par suite des pertes en étendues emblavées la Hongrie ne pourra jamais produire un excédent considérable de blé qu'elle pourrait jeter sur les marchés du monde, comme c'eût été le cas si elle avait pu garder ses terres d'où sortait le meilleur froment du monde, celui du Banat et Bacska.
Ceux qui prétendent que la Hongrie agricole pourrait améliorer favorablement sa balance commerciale en utilisant son superflu semblent avoir parfaitement oublié que la Hongrie, il y a encore quelques années, se trouvait aux prises avec les plus graves perturbations quant à son propre ravitaillement, et qu'elle a même dû recourir aux importations de blé. En prenant pour base la période 1911-1915, L. de Buday nous démontre qu'il y avait jadis un excédent de 7.795.000 quintaux de blé utilisable pour l'exportation. Mais depuis lors, la situation s'est tellement modifiée que si l'on considère qu'il y eut une carence dans la production de blé de 1918 qui a atteint 3 millions 618.000 quintaux, et qu'on a dû couvrir par les importations, on peut se rendre immédiatement compte de la disette dont ce pays a souffert. La Hongrie actuelle cependant enregistre une exportation de blé de 679.992 quintaux. Données de 1928.
Pour examiner les besoins de la Hongrie, il est utile de reproduire la statistique d'importation dressée par L. de Buday. En 1920, par exemple, la Hongrie a importé les marchandises suivantes :
24.000 quintaux de sucre ;
18.000 quintaux de blé d'Argentine ;
10.000 quintaux de farine d'Argentine ;
22.000 quintaux de confiture ;
30.000 quintaux de graisse ;
67.000 quintaux de produits coloniaux.
Il ressort clairement de cette statistique que la farine et le blé ont figuré à la première place comme les articles les plus nécessaires, tandis que l'ancien territoire de la Hongrie a livré un excédent de blé de 13,5 mille quintaux qu'elle exportait jadis en Allemagne et en Grande-Bretagne (farine, 8.000 quintaux) (2).
Les statistiques de 1928 font ressortir un rendement moyen en blé de 9.17 quintaux par arpent, soit sur une superficie ensemencée de 2.944.320 arpents un rendement total de 27.001.211 quintaux.
Quant aux exportations, en prenant pour base l'année 1920, nous obtiendrons les données suivantes : 500.000 quintaux de vin ; 18.000 quintaux d'eaux minérales ; 2.800 quintaux de piments ; 28.000 quintaux de fruits frais; 10.000 quintaux de pommes de terre ; 15.000 quintaux de bière. En revenant encore une fois sur la question agraire, ni est une des questions vitales de la Hongrie, nous : -nalions tout à l'heure la disproportion de la réparation des propriétés sur notre territoire. Selon L. de Buday et M. de Renez, ce sont justement ces constances qui retardent l'accroissement de la population hongroise qui ne peut pas se développer à cause des grandes propriétés rurales.
Depuis, les rendements de l'agriculture hongroise Ont atteint leur niveau d'avant-guerre.
Le fait qui ressort des statistiques ci-après :
La production de blé en quintaux était :
Année 1925, 19.506.500;
Année 1926, 20.386.825;
Année 1927, 20.639.315.
Notamment dans la Hongrie actuelle, les grandes propriétés audessus de 500 hectares forment 17.7p. 100 des terres arables; 23 p. 100 celles depuis 300 jusqu'à 500 ; 39 p. 100 celles de 10 à 100, mais il n'y a plus que 10,3 p. 100 des propriétés qui ont de 2 1/2 à 5 hectares et la proportion tombe seulement à 9 p. 100, pour les propriétés au-dessous de 2 hectares (3). C'était le même cas aussi eu Transylvanie, où, selon les statistiques dressées par L. de Buday, les Roumains ont gagné la prépondérance en favorisant le morcellement des terres. C'est ainsi que les Hongrois ont perdu leur prédominance dans ces régions avant même que la Transylvanie soit occupée par les Roumains. C'est malheureux, mais c'est un fait incontestable que le petit nombre des classes hongroises possédantes a engendré l'intrusion des émigrants roumains, qui ont pu acheter, de cette manière, les terres bon marché des mains de propriétaires hongrois endettés. Voici une statistique fort intéressante :
Sur les propriétés de 25 hectares, en 1900, il n'y avait que :
44,2 Roumains, 43,2 Hongrois. Tandis qu'en 1910, il y avait déjà: 47,1 Roumains, 41.4 Hongrois.
Sur les propriétés au-dessus de 25 hectares :
64,1 Roumains,
23,9 Hongrois. Tandis qu'en 1910, il y avait déjà:
66.5 Roumains,
24,8 Hongrois.
Comme L. de Buday le déclare tresjustement.il y a encore un moyen de favoriser l'accroissement de la population, c'est la politique sociale. La dépopulation est due aux conséquences de la guerre, puisque, selon le célèbre statisticien viennois Winkler, c'est la nation hongroise qui a été la plus éprouvée parmi toutes les populations del'ancienne monarchie austro-hongroise. 11 nous démontre qu'en Croatie, les pertes n'ont été que de 20 morts sur 1.000; en Bosnie, 19,1 ; en Autriche, 23,3, tandis qu'en Hongrie, 25 sur 1.000. Ne parlons pas des estropiés, des mutilés de la guerre pour lesquels la Hongrie vient en premier lieu.
En 1914, la population était en train de s'accroître, de sorte qu'il y a un excédent dj 208.941.
En 1915, elle diminue déjà de 29.546.
En 1916, de 77.804.
En 1917, de 87.604.
En 1918, de 181.992. En comparant ces chiffres avec ceux de la France et de l'Angleterre, il ressort qu'en proportion la Hongrie a dû subir de graves pertes quant à l'accroissement de sa population.
Eu Angleterre, l'accroissement naturel faisait :
En 1913, 317.000;
En 1917, 169.000;
En 1918, 51.000.
En France :
En 1916, 293.000 ;
En 1917, 270.000 ;
En 1918, 390.000. Et ici L. de Buday regarde avec effroi l'avenir, et il annonce les graves conséquences qui atteignirent la Hongrie en 1924 et 1925. il y eut un déficit général dans chaque classe de population, car :
En 1921, il y avait une diminution d'élèves de 132.000 dans les écoles ;
En 1922, 332.000 ;
En 1923, 583.690 ;
En 1924, 843.000. La crise parvient à la plus grave ampleur en 1925 quand il y eut 997.000 élèves de moins qu'en temps normal. Pendant ces années, le même phénomène se répercuta sur les classes ouvrières.
Quant au mouvement de la population, la Hongrie absorbe tellement d'ouvriers (surtout les centres paysans et Budapest) qu'il y a une émigration qui tend vers Budapest ; c'est ainsi qu'en 1900, l'Alfœid, le grand et fertile bassin hongrois, avait un accroissement de 100.833 ; en 1910, 123.375 ; ce sont les Autrichiens surtout qui se rendent vers Budapest et les peuples des Karpathes qui y vont en cherchant du travail agricole. Cependant les frontières de la langue hongroise sont restées immuables pendant ces derniers siècles, ce fait ressort clairement de l'œuvre de M. Kovacs (4), circonstance qui paraît démontrer que les Hongrois n'ont pas opprimé les minorités en leur imposant de force leur culture et leur langue.
Abordons maintenant la seconde partie du volume qui parle de l'industrie, des mines et des forêts. La Hongrie ne possède plus une seule de ses mines d'or, de sel, d'argent et d'antimoine. Il ne lui reste que du charbon, insuffisamment d'ailleurs pour couvrir les besoins de l'industrie hongroise.
 Les mines cédées aux Etats successeurs représentaient une production globale de 550.000 quintaux dont :
35 quintaux pour les mines d'or ;
120 quintaux pour les mines d'argent;
105.000 quintaux pour les mines de cuivre.
C'est un fragment infinitésimal qui lui reste de ses gisements de charbon produisant 72 p. 100 du rendement houillier total. Les perspectives qui lui ont été offertes par l'exploitation de la houille blanche ne sont pas plus rassurantes, car la Hongrie possédait ses forces hydrauliques dans les montagnes, surtout dans les Karpathes, de sorte qu'il ne lui reste plus que 24,9 p. 100 à l'heure actuelle utilisables pour les turbines, circonstance fort préjudiciable d'ailleurs, puisque c'est l'industrie hongroise qui aurait tant besoin de ces ressources élémentaires pour prendre son essor.
L'industrie nous montre un développement fort intéressant, notamment la population ouvrière ne représentait plus que 12,3 p. 100 des habitants du pays en 1890. Leur nombre s'accroît tout le temps ; ainsi en 1900, il y a 13,8 p. 100 ; en 1910,17,4 p. 100. Les grandes industries et usines appartiennent à l'heure actuelle à la Hongrie nouvelle dont la force motrice représente 50 p. 100 de l'ancien Etat. Bien qu'elle ait perdu 42,7 p. 100 de son industrie alimentaire, celle-ci aura quand même un avenir intéressant dont la production globale atteint déjà la moitié de la production d'avant-guerre, à peu près 1.650 millions de couronnes.
En second lieu se place l'industrie sidérurgique avec une production totale de 502 millions de couronnes. L'industrie hongroise souffre énormément des cordons douaniers qui interdisent la fourniture des matières premières. Le protectionnisme et le courant prohibitionniste des Etats limitrophes empêchent l'industrie hongroise de prendre son essor. L. de Buday considère insurmontables les pertes de la Hongrie quant aux matières premières ; peut-être a-t-il raison, mais, selon notre humble avis, une raisonnable politique commerciale pourrait redonner ce qui est perdu eu ouvrant les frontières douanières et en rétablissant le libre échange entre les Etats voisins. Il va sans dire que ce n'est pas la faute de la Hongrie, que c'est plutôt celle de la Tchécoslovaquie qui éiève de véritables murs de Chine contre les produits hongrois sur sa frontière, inaccessible d'ailleurs aux marchandises étrangères. Tant que cette politique de défiance sera en vigueur, on ne parlera pas d'une réconciliation économique dans l'Europe centrale et aussi longtemps la prostration économique durera. Il n'y a rien de plus inimaginable que de concevoir un pays dont les ressources sont situées dans les régions voisines inabordables à cause des mesures douanières et des taxes protectionnistes (5).
Espérons que le temps, meilleur remède de tous les maux, guérira tous ces malaises économiques, et que ces Etats trouveront leur équilibre dans le libre jeu des principes économiques, en redonnant à chacun son débouché et le plus court chemin qui y conduit ; autrement, il n'y a pas moyen d'arriver à une entente durable.

ΥΠΟΣΗΜΕΙΩΣΕΙΣ:
(1) Ungarn nach dem Friedensehluss. Vereinigung wissenschaft-iicher Verlâger, Leipzig, 1923, 290 p. A megcsonkitott Magyarorszag, Panthéon, Budapest, 1922, 296 p. Dismembred Hungary. London, 1922, Grant Richards Ltd. 288 p. La Hongrie après le Traité de Trianon. G; Roustan, édit., Paris, 1923, 279 p.

(2) Cependant la Roumanie, dont le territoire s'est accru de 298.000 kmc. n'est pas en mesure d'exporter en blés 1/3 des quantités d'avant-guerre.
(3) Cette disproportion est moins accentuée depuis que le Gouvernement a exécuté, tout au moins en partie, la réformé agraire : à peu près 500.000 hectares furent répartis sous forme de petites propriétés rurales.
(4) Le développement de la population hongroise sous le régime turc.
(5) Les graves conséquences de cette situation fâcheuse se reflètent aussi dans la formation des balances commerciales de la Hongrie pendant les dernières années. Il y avait un déficit de millions pengoës :
En 1920 : 293 ;
En 1921 : 309 ;
En 1922 : 243 ;
En 19 '6 : 52 ;
En 1926 : 81 ;
En 1927 : 275.







Δεν υπάρχουν σχόλια:

Δημοσίευση σχολίου